Cette semaine, je vous propose plutôt qu'une longue critique, une sélection de films à découvrir sur la plateforme Shadowz spécialisée dans le cinéma de genre.

Deathgasm de Jason Lei Howden

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Quand on découvre un film signé par un réalisateur originaire de Nouvelle-Zélande, il est impossible de ne pas penser au cinéaste le plus célèbre de cet archipel de l’océan Pacifique : M Peter Jackson. Dans le cas d’un film gore comme le Deathgasm de Jason Lei Howden, on évoque d’autant plus le réalisateur du Seigneur des Anneaux que celui-ci a fait ses premiers pas avec des longs-métrages sanglants comme Bad Taste et surtout Braindead, le Citizen Kane de la tripaille au cinéma.

Deathgasm est une comédie horrifique qui a pour principaux ingrédients des humains transformés en zombies et de la musique Métal. Au-delà de l’argument fantastique, le film est l’occasion pour son réalisateur de dénoncer le conformisme des petites villes WASP (White Anglo-Saxon Protestant) où des cheveux longs et un piercing font de vous un délinquant dangereux qui mériterait un mois de vacances dans un camp scout (de préférence supervisé par l’évêché de Lyon) pour retrouver le droit chemin.

Fan de guitares électriques qui jouent à très haut volume, le réalisateur nous concocte un film qui démarre pied au plancher et ne faiblit jamais au niveau de son rythme comme dans tout bon morceau de heavy. Porté par une mise en scène ultradynamique et quasi métronomique, le long-métrage gère parfaitement ces effets à l’ancienne réalisés à partir de maquillages en latex qui rappellent les classiques du genre des années 80 comme Evil Dead 2 , La Nuit des sangsues ou Re-Animator . Quand on sait que le film a coûté 200 000 dollars, on est tout de même bluffé par le rendu visuel de l’ensemble qui n’a rien à envier aux productions horrifiques américaines plus argentées. Enfin, pour les amateurs de métal, il est clair que le cinéaste a une véritable affection pour ce courant musical. On pense tout particulièrement à cette séquence où notre jeune héroïne entend pour la première fois des guitares électriques et s’imagine telle une amazone dans un décor d’heroic fantasy qui rappelle les pochettes des groupes heavy et les illustrations de Frank Frazetta (l’homme qui façonna l’imagerie de Conan). Une comédie horrifique que je recommande si vous n’êtes pas allergiques au gore.

La Planète sauvage de René Laloux et Roland Topor

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Sur la planète Ygam, vivent des androïdes géants appelés les Draags. Ils élèvent de minuscules êtres humains qu'ils surnomment Oms. Mais un jour, l'Om de la jeune Tiwa se révèle plus intelligent et va déclencher une révolte...

La Planète sauvage est là pour rappeler que la science-fiction et la France ont une histoire commune très riche. Le réalisateur René Laloux a signé trois œuvres essentielles dans le domaine de l’animation, coréalisées avec des auteurs cultes de BD : Les maîtres du temps avec Moebius, Gandahar avec Caza et enfin La planète sauvage avec Roland Topor.

La Planète sauvage est une oeuvre exceptionnelle rendant hommage au talent fou de Topor. Son univers visuel exubérant, son coup de crayon, rendent le film unique dans son genre. L’esthétique est riche et s’appuie sur des couleurs pastels de toute beauté. Portée par une animation en papier découpé et réalisée en Tchécoslovaquie, La Planète sauvage remportera le prix spécial en 1973 à Cannes. Un chef-d'oeuvre à redécouvrir.

Phenomena de Dario Argento

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Après avoir signé un giallo avec Ténèbres qui poussait tous les curseurs du genre à leur paroxysme, le maestro italien Dario Argento revient au cinéma fantastique avec Phenomena . N’espérez cependant pas retrouver ici la mise en scène baroque de ses films de sorcières comme Suspiria . En effet, avec Phenomena , le cinéaste cherche à se réinventer et choisit de tourner dans la campagne suisse. Il rompt ici avec les grands ensembles urbains qu’il a magnifiés durant sa carrière. Il adopte également une photographie où domine le blanc et le noir alors qu’il était connu pour être un peintre des couleurs. Enfin, Phenomena est plutôt sobre dans le domaine de la violence.

Pour l’une des premières fois dans sa carrière, ses protagonistes principaux font preuve d’une grande humanité et sont réellement attachants, que ce soient notre jeune héroïne ou le vieux professeur d’anthropologie. Il faut savoir qu’au moment du tournage, Argento vivait alors la fin de son mariage avec Daria Nicolodi. Dans ce film très personnel, alors que sa famille est vouée à vivre des moments difficiles, il souhaite délivrer un message à ses filles sur la nécessité de voir au-delà des apparences et de vivre sa différence. Malgré sa musique rock parfois trop envahissante, Phenomena reste l'une des oeuvres d’Argento qui laisse le plus de souvenirs à ses spectateurs une fois les lumières de la salle de projection rallumées. Un long-métrage envoûtant et sincère, à voir et à revoir !

John Dies at the End de Don Coscarelli

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Don Coscarelli a toujours été un rebelle au sein de l’industrie cinématographique américaine qui ne lui a jamais donné les moyens de ses ambitions malgré le carton de son film d’horreur Phantasm dans les années 70. Incapable de se tenir à un genre, son cinéma mixe horreur, aventure, fantaisie et drame. Malheureusement au cours des années, sa créativité s’est faite de plus en plus rare sur les écrans malgré quelques perles comme Bubba Ho-tep qui mettait en scène Bruce Campbell en Elvis vieillissant affrontant une momie dans un hospice.

Que raconte John dies at the end ? John et Dave expérimentent une drogue qui leur permet d'entrevoir une réalité parallèle, où ils sont considérés comme des sauveurs...

Le film est l’adaptation d’un roman publié d’abord sur le web, qui avait révélé son auteur James Wong. Don Coscarelli a su entrevoir dans ce roman la possibilité de travailler sur un scénario transgenre mélangeant avec bonheur les différentes strates spatio-temporelles. Son adaptation s’intègre parfaitement dans sa filmographie. On retrouve son style haletant et un goût pour l’absurde avec des inventions visuelles à chaque plan, et ce malgré un budget qu’on imagine réduit. En dépit de l’aspect « Bric à Brac» d’influence et d’univers divers, l’intelligence du scénario réside dans le fait que le réalisateur s’acharne à crédibiliser et rendre réelles des situations qui devraient nous laisser perplexes.

John Dies at the End , c’est du Lynch mais version hamburger qui n’oublie jamais de vous distraire. Encore une belle réussite pour Don Coscarelli le franc-tireur de la série B !

Mad Will