Sans l’aide d’aucune subvention, mais grâce à son désir insatiable de réaliser des films coûte que coûte, Cheyenne-Marie Carron enchaîne les longs-métrages aux sujets polémiques, de la religion au patriotisme. La thématique de Jeunesse aux cœurs ardents à elle seule fera sans doute fuir bien des spectateurs, à tort. En plus d’avoir l’audace de réaliser des films complètement à contre-courant de l'opinion commune en vigueur au sein du public cinéphile (ce qui suffirait en soi à être loué), elle le fait avec talent. Sa maîtrise technique lui permet de baigner ses plans d’une lumière de toute beauté, tandis que sa juste mesure lui fait signer un film partisan, parfois même fervent, où elle ménage toutefois une place honnête à la contradiction. Prolongeant la réflexion entamée dans ses films précédents sur les voies qu’empruntent les jeunes d’aujourd’hui pour connaître l’aventure tout en donnant du sens à leur vie à l’heure où ont dépéri le service militaire et les Brigades internationales, Cheyenne-Marie Carron décrit très bien l’idéalisme mêlé à l’énergie de la fleur de l’âge qui touche les jeunesses de tous les pays et de toutes les époques. Sans devenir patriote, on ne peut que trouver beaucoup d’élégance à ce portrait lui-même respectueux des opinions qui ne sont pas les siennes.

F.L.