Mes provinciales de Jean Paul Civeyrac est un film nostalgique en noir et blanc, en partie autobiographique, dans lequel on retrouve beaucoup de références aux cinéastes de la nouvelle vague et aux classiques.

Il s’agit en effet d’un film d’apprentissage autour d’un jeune homme, Étienne, qui part de sa province pour faire des études de cinéma à Paris. Cette réalisation copie sans vergogne, ou se réapproprie avec délicatesse, selon le point de vue, les références aucteuriales de la jeunesse du réalisateur Jean-Paul Civeyrac. On sera touché par exemple par la réécriture d’une séquence culte de Ma nuit chez Maud d’Éric Rohmer ou on jubilera à l’évocation du personnage qui s’affiche « en vert et contre tous » dans La maman et la putain de Jean Eustache.

Comme pour tout film autobiographico-nostalgique, appartenir à la génération de l’auteur ne peut qu’aider à y adhérer. Pour autant, le film va au-delà d’une simple œuvre sympathique pensée pour faire adhérer le spectateur à son récit. Nous y trouvons toute la maestria du réalisateur, en particulier dans son découpage original grâce auquel certains plans laissés en suspens nous permettent d’établir le lien entre le passé et sa réactualisation au présent. Cela dit, nous ne retrouvons pas seulement des références cinéphiliques, mais aussi les thèmes récurrents chez Civeyrac comme le suicide par exemple.

Mes provinciales est donc un film très riche dans lequel beaucoup de choses sont dites.  Mais bien qu’il y ait des dialogues extrêmement bien écrits et construits, c’est aussi un film qui parle avant tout avec les images, en particulier grâce à ces longs inserts qui s’intègrent entre certaines séquences et qui vont donner toute la force de réflexion du film.

Le magnifique jeu des acteurs donne encore plus d’actualité au propos, que ce soit pour les rôles principaux ou pour les secondaires, tous très travaillés, très fouillés, et très justes, en particulier celui de Diane Rouxel (vue dernièrement dans Les garçons sauvages).

L’époque ne compte pas, seuls les sentiments sont éternels. C’est cela le propre d’un classique.

Un film qui agacera peut-être certains mais que nous avons adoré.

L.S.