Dans une clairière, au cœur d'un décor minimaliste constitué de quelques ruines gravitant autour d'une suggestion de chapelle, sept déserteurs (Marianne Basler, Astrid Adverbe, Simone Tassimot, Jean-Philippe Puymartin, Ugo Broussot, Bruno Daveze, Pascal Cervo) trouvent refuge et tuent ensemble le temps avant que le temps ne les tue, l'un après l'autre.

   Treizième occurrence d'une série intitulée Antidogma, Les 7 déserteurs est un film de guerre des plus atypiques. Le farouchement indépendant Paul Vecchiali confronte son spectateur à une guerre doublement abstraite. Ni située historiquement ni présente dans le champ, elle ne se manifeste physiquement que par l'intermédiaire de la bande-son dans laquelle les bruits de tirs concurrencent les chants d’oiseaux. La guerre est donc moins le sujet principal du film que le prétexte des conversations sur l'herbe des sept personnalités contrastées et multiples qu’elle rassemble, qui dévoilent des facettes différentes d'eux-mêmes selon qu'ils s'adressent à tous ou à un seul. Et c'est peut-être cela, le cœur de ce nouveau cru de Paul Vecchiali : une variation autour de la (re)présentation de soi. Chacun se raconte, se livre, omet, transfigure, dans des confessions ou des dialogues très écrits, qui mélangent allègrement le langage le plus cru aux tournures les plus soutenues.

   Comme dans le théâtre baroque, le réalisateur (qui s’autoproduit au sein de sa société bien nommée Dialectik) mélange les genres pour se rapprocher de la complexité de la vie : drame, poésie, violence, douceur, paillardise et sensibilité se côtoient ainsi sans pour autant se contredire. Film théâtral donc, film de comédiens, film où le verbe est roi, Les 7 déserteurs séduit par son charme suranné et par ses interprètes à la hauteur du texte exigeant que Paul Vecchiali a ciselé pour eux. La vie, la mort, l'amour, le théâtre, en vrac et en verve.

F.L.