L’insulte du réalisateur libanais Ziad Doueiri, sélectionné à la Mostra de Venise, est un film de prétoire qui voit s’affronter un avocat (Talal El Jurdi) qui défend Toni, un milicien chrétien des Forces libanaises (Adel Karam), et une avocate (Diamand Bou Abdou) qui défend Yasser, un palestinien, (Kamel el Basha, prix d’interprétation à la Mostra de Venise). L’origine du procès et un échange de mauvais procédés, insulte puis coup. Comme il est dit dans le film, c’est ainsi que commencent les guerres.  Cependant le combat judiciaire permettra d’une part de permettre aux faits d’être révélés, et d’autre part de pratiquer un retour sur des non-dits de l’histoire du Liban. Et c’est toute la force du film. Qu’un tel discours d’explication puisse être l’objet d’un film d’un réalisateur libanais laisse espérer que les tensions toujours actuelles, l’actualité politique libanaise est encore souvent à la une et Ziad Doueri a été brièvement inquiété pour avoir tourné une partie de son précédent film, L’attentat, en Israël, pourront se résoudre sans bain de sang supplémentaire. L’histoire libanaise depuis la fin de la guerre en 1990 n’a pas laissé de place au pardon et à la réconciliation. Il y a eu une amnistie qui a conduit à un oubli sans cicatrisation. Ceci crédibilise le scénario qui décrit un simple conflit de voisinage qui dégénère en conflit politique d’ampleur nationale.

Mais L’insulte va plus loin. Il est un film didactique sur la souffrance et la victimisation. Quand on souffre, quand on est, ou quand on se ressent comme victime, il est difficile de penser que d’autres puissent souffrir autant, voire plus que soi. Il n’y a pas de hiérarchie possible à la souffrance. Ce n’est donc pas à soi de quantifier sa propre souffrance. Par essence elle est toujours à son maximum. Pour trouver la résilience, il faut alors accepter de s’en remettre à autrui et le préalable est alors d’accepter l’altérité.

Une magnifique leçon de droit et d’humanité.

LS