A la suite d’un AVC, Madame Lin est atteinte d’une étrange séquelle : sans crier gare, elle éclate d’un rire nerveux aux moments les plus inopportuns. Respectant sa volonté de ne pas être placée en hospice, ses enfants l’accueillent tour à tour chez eux sans gaieté de cœur. Aux situations les plus tragiques auxquelles elle assiste, elle réagit toujours en se gaussant, ou en priant la statue de Bouddha qu’elle transporte partout avec elle.

   Alors que le Shandong, la région chinoise où le réalisateur situe son histoire, est le berceau de la pensée confucéenne dans laquelle la piété filiale occupe une place cardinale, Zhang Tao dépeint des enfants trop occupés par leurs soucis d’argent et la survie immédiate pour s’occuper de leur mère avec le respect qui lui est dû. Il traite cette situation tragique sans excès d’esprit de sérieux, grâce au contrepoint comique de la récurrente crise de fou-rire de son personnage principal. Tout se passe comme si, à l’approche de la mort, la grand-mère regardait le monde du point de vue de l’éternité, et que même les plus grandes peines humaines lui apparaissaient soudainement dérisoires. Ce qui aurait pu être une chronique sociale amère se transforme alors en lumineuse fable bouddhiste. Une curiosité enthousiasmante !

F.L.