Dans la pampa argentine, Christine Seghezzi plante sa caméra dans un coin de terre jadis considéré comme l’un des plus fertiles du monde, aujourd’hui transformé en désastre écologique par la monoculture de soja transgénique. Au lieu d’asséner un déluge d’informations à visée militante, la documentariste prend soin de laisser au spectateur le temps de s’imprégner des lieux, des habitants, du vide et de la désolation qui y règnent. Sur des plans fixes captant les paysages uniformisés par la monoculture ou les visages marqués des derniers habitants de ce territoire dépeuplé, elle égrène les histoires de vie, toutes plus tragiques les unes que les autres, qu’elle a récoltées lors de ses investigations. L’austérité de ce que l’on voit résonne alors avec la dureté de ce que l’on entend, pour un résultat tout bonnement glaçant. Rendant compte avec une forte puissance émotionnelle d’une catastrophe environnementale, sanitaire et humaine perpétrée pour quelques dollars de plus, Histoires de la plaine est un témoignage politiquement essentiel.    

Florine Lebris