Un miracle. Un film n’a jamais aussi bien porté son nom que ce Miracle Mile signé Steve De Jarnatt qui connaît une nouvelle sortie grâce au distributeur Splendor Films. Sorti en 1989 sous le nom d’Appel d’urgence, le film a disparu des écrans de la cinéphilie malgré une réputation flatteuse dans les cercles restreints des amoureux du fantastique.

Considéré comme un chef-d’œuvre par Joe Dante, le film connaît une réédition en 2015 en Blu-ray suivi de plusieurs projections qui raniment son statut d’œuvre culte. Splendor Films décide alors de distribuer le film pour la France et propose à son réalisateur une tournée de 13 dates où le réalisateur est venu présenter son film avant une sortie nationale le 29 juin 2017.

Beaucoup de films résistent mal à l’épreuve du temps, ce n’est définitivement pas le cas de cette pellicule que l’on pourrait située entre After Hours de Scorsese et Coup de cœur de Coppola.

Le cinéma est un art total qui à l’instar de l’Opéra réunit en son sein de nombreuses pratiques artistiques. Miracle mile est une réussite cinématographique que ce soit en terme visuel, sonore, ou même scénaristique.

Tourné de nuit, dans des conditions difficiles et pour un maigre budget, le film propose une mise en scène alternant plans séquences, élégants mouvements de grue, et scènes au découpage ciselé comme dans la séquence de la cafétéria où notre héros apprend la destinée de Los Angeles. La mise en scène souvent virtuose en termes de découpage est portée par une photographie hallucinante à base de néons et autres lumières artificielles. De Jarnatt s’impose comme un réalisateur capable d’un visuel à la Ridley Scott, mais toujours au service de son histoire.

Tangerine Dream, bien connu des fans de progressifs, s’était fait connaître par leurs bandes originales sur les films des années 80 de Michael Mann comme Le Solitaire ou La Forteresse noire. Leur musique pour le film évolue au fur et à mesure de la ritournelle synthétique à une musique électronique d’ambiance novatrice. La partition musicale est en adéquation avec le récit et participe à l’étrangeté du film.

Enfin, le scénario de Steve De Jarnatt est d’une grande efficacité avec son McGuffin hitchcockien. Le cinéaste s’appuie ici sur un concept simple, un appel de téléphone qui annonce la fin du monde et déclenchera l’ensemble des actions de son récit autour de cette idée. Grâce à ce pitch, le film parvient à explorer de nombreux genre que ce soit la romance dramatique, le récit de fin du monde ou d’action.

À l’instar d’After Hours, le réalisateur arrive à créer un univers avec ses propres règles qui devient un objet unique. Jarnatt durant une heure trente créé un Los Angeles nocturne à la limite de l’onirisme et développe un monde personnel jusqu’aux premiers rayons du jour qui s’avéreront un terrible retour à la réalité.

Miracle Mile est une folle course poursuite en temps réel peuplée de personnages attachants ou menaçants. Le réalisateur commence sa réalisation tel un rêve qui tourne au cauchemar après une panne de réveil, et développe cette sensation de perte de contrôle de nos songes les plus terrifiants. Son film s’inscrit parfaitement dans la lignée des épisodes de la Quatrième Dimension (son scénario avait été même évoqué pour une prise de la Twilight Zone) et le statut d’œuvre culte n’a jamais semblé aussi pertinent que cette œuvre iconoclaste du cinéma américain.  À découvrir absolument.

Mad Will