Mister Universo est un film sur le cirque, son monde et sa magie. C’est un objet hybride entre documentaire et totale fiction dans lequel on croise des personnages réels qui jouent leur propre rôle. A l’époque où beaucoup sont tentés de se créer une seconde vie fantasmée par avatar interposé, le processus est ici inversé. Si Tairo est bien un dompteur de fauves et Mister Universo, l’homme le plus fort du monde, un personnage impressionnant qui tord des plaques de fer à mains nues, le road movie qui montre Tairo à la recherche de l’être de légende qu’il a connu dans son enfance a été induite par le scénario. Par ailleurs, le couple emblématique, Tairo le dompteur et Wendy la contorsionniste, n’est formé que pour les besoins de la réalisation.

Le regard des réalisateurs nous fait découvrir leur crainte de la perte de l’art du cirque. En effet Mister Universo est une œuvre dans laquelle transparaît une certaine nostalgie du spectacle vivant et de la culture en général. Le vieillissement et/ou la mort des animaux a ici un sens métaphorique. La quête de Tairo à la poursuite de Mister Universo, son périple à travers l’Italie à la rencontre des personnes pouvant l’avoir connu constitue la recherche d’un âge d’or du cirque dans lequel les artistes pouvaient exhaler leur puissance. Les idoles ont vieilli et l’on n’est pas sûr que les jeunes générations prennent le relai.

Le cirque est aussi un monde où beaucoup croient au destin, aux signes, au tarot, ou la chance et la malchance passent par la possession d’un objet particulier ou sa perte. La superstition est un des moteurs du scénario.

Mister Universo est un film captivant, extrêmement touchant, magique par moments, grave à d’autre, bref un film qui sait faire remonter chez le spectateur une foultitude d’émotions, un spectateur tour à tour attendri, inquiet, amusé, intrigué, surpris, bref, tout un spectacle.

Tizza Covi à l’écriture, au son, et au montage, Reiner Frimmel à la production et à l’image, ce couple de réalisateurs nous présente une œuvre magnifique qu’il ne faut pas rater.

Laurent Schérer