Basé sur une histoire vraie, L’homme aux mille visages narre la machination extrêmement subtile montée par Francisco Paesa (Eduard Fernández), ancien agent des services secrets espagnols, pour s’enrichir au détriment d’hommes politiques tous plus corrompus les uns que les autres. De ce coup d’éclat dans lequel la réalité a dépassé la fiction, le réalisateur de La Isla mínima tire un thriller très honnête, sans grande ambition formelle mais propre et efficace, où la tension reste constante jusqu'au dénouement. Grâce à un montage adroit, Alberto Rodriguez dote son film du rythme idéal, se préservant aussi bien des temps morts que d’un enchaînement d’actions hyper-dynamique qui risquerait de nous perdre. Cela lui permet de développer plusieurs histoires parallèles, correspondant aux points de vue des différents protagonistes, et de nous laisser ainsi le temps d‘apprécier l'humanité des personnages au-delà de l'intrigue policière. Quant au casting, il est également assez habile, avec dans le rôle principal un Eduard Fernández loin du stéréotype du jeune loup charismatique, doté d’un visage passe-partout auquel on ne donne pas d'âge, parfait en homme-caméléon... Pour finir, la présence de notre Philippe Rebbot national, toujours très convaincant dans la veine comique, en sous-fifre trop candide, ajoute au film une pincée de fantaisie fort plaisante.

F.L.