Les problèmes d'une société coréenne vieillissante traités par l'angle inattendu de la prostitution des femmes âgées. Découvrez ci-dessous la critique de The Bacchus Lady .

La critique :  

A Séoul, dans le parc de Jongmyo, historiquement sanctuaire royal, on assiste à de curieuses transactions. Des sexagénaires y font les cent pas vêtues comme de jeunes femmes et affublées d'un maquillage tape-à-l'oeil. Ces prostituées du troisième âge qui attendant les clients avec à la main de petites bouteilles de vin de Bacchus, un énergisant aux vertus aphrodisiaques présumées, sont surnommées les « Bacchus ladies ». So-young (Youn Yuh-jung) est l'une d'entre elles. Lorsqu'elle assiste à l'arrestation d'une philippine venue réclamer une pension au père coréen de son petit garçon, notre vieille prostituée au grand cœur décide de veiller sur lui le temps de la détention. Quand elle ne peut laisser l'enfant à l'un de ses deux voisins (Yoon Kye-sang, An A-zu) avec lesquels elle forme une joyeuse bande de marginaux (l'un est unijambiste, l'autre transgenre), elle l'emmène avec elle dans ses affaires quotidiennes.

The Bacchus Lady nous fait découvrir la Corée du Sud sous l'angle inattendu de la précarité de ses personnes âgées. A travers la protagoniste, ses consœurs, et ses clients, on découvre la détresse économique et sociale dans laquelle vit ce pan de la population à l'origine du développement économique rapide de la Corée du Sud, et qui est désormais considéré comme un fardeau par la jeune génération d'un pays qui ne connaît évidemment pas la retraite par répartition. Empathie ou rationalité économique oblige, le réalisateur sud-coréen E.J-Yong aborde également dans son film, à travers les grands-pères qui ne demandent pas que des services sexuels à leur fidèle So-young, l'épineux enjeu de l'euthanasie. Ne sombrant jamais dans le misérabilisme, malgré toutes ces problématiques peu joyeuses, E. J-Yong porte un regard plein d'une tendresse amusée sur sa petite galerie de personnages hétéroclites, dont on s'éprend vite à notre tour.

F.L.